Notre village se situe dans la pointe sud de l’Alsace Bossue,
plus précisément sur la rive droite de l’Isch, elle même affluent de la Sarre, et sur les dernières auréoles du Bassin Parisien oriental avec le Muschelkalk supérieur qui a déterminé la topographie et la variété paysagère de cette contrée appelée aussi Heckenland.
L‘occupation humaine est ancienne, trois tumulis répartis sur le finage nous reportent à l’époque celtique : Une villa-rustica, découverte à la fin du XIXe siècle, nous révèle la présence gallo-romaine, tout comme le Hercule dit de Drulingen, déposé au Musée Archéologique de Strasbourg.
De 832, date le premier texte connu. Il nous révèle deux renseignements :
- L’origine de la chapelle et du pèlerinage du culte voué à Saint Adelphe durant tout le Moyen-Age. En effet, ce dernier, évêque de Metz, aurait redonné la vue à une petite fille du lieu, nommée Willigota.
- L’origine du nom de la localité, alors orthographié HIRSELANDEN, le pays du millet; céréale aujourd’hui disparue de nos latitudes.
Après plusieurs phases transitoires, le nom se stabilisera sous sa forme actuelle, HIRSCHLAND, en 1448. Il inspirera en 1946 les » armes parlantes » de notre blason : » d’argent au cerf de gueules passant sur une terrasse de sinople. »
Depuis les temps les plus reculés, Hirschland fait partie intégrante du comté de Sarrewerden et le restera jusqu’à sa disparition en 1793.
Le culte luthérien supplantera le rite catholique avec l’introduction de la réforme en 1557.
La guerre dite de Trente ans, subie ici de 1629 à 1648 décima la population et détruisit la localité, qui pour autant, ne semble pas contrairement à d’autres, avoir complètement été abandonnée. Pour preuve, d’anciens patronymes réapparaissent et vont perdurer jusqu’à nous : les BlEBER, les SCHMIDT, les SCHNEIDER. Jean SCHMIDT avait provisoirement trouvé refuge à Strasbourg et en reviendra avec le surnom de Strasburgerhans.
Des immigrants se joindront aux rescapés pour mettre le village en valeur. Les premiers seront des descendants des huguenots venus des villages « welsches » voisins : les BRUA et les TOUSSAINT (TUSSING)
La seconde moitié du XVIIe siècle voit se poursuivre la même succession de guerres et de persécutions jusqu’à ce que la Paix de Ryswick rétablisse les NASSAU dans leurs droits en 1697. Mais sans attendre, des montagnes suisses, en particulier du Canton de Berne, les BACHMANN, BLOCH, GRAFF, GROSSMANN, MÄNNLEIN, SCHEURER… étaient venus s’établir.
L‘essor démographique dépassa rapidement les capacités nourricières et dès la fin des années 1730 le flot d’émigration s’amorça, les uns, les plus nombreux gagnèrent l’Amérique, la Pennsylvanie en l’occurrence, les autres l’Europe de l’Est. Le flux perdurera 1,5 siècles.
Avec le retour de la Paix, Hirschland est devenu dès 1698 le siège d’une des quatre paroisses luthériennes du Comté. Une circonscription très étendue au départ elle englobait, Ottwiller, Drulingen, Weyer. Les parties nassauviennes de Metting et de Postroff, les villages luthériens de Fénétrange – Schwanenhals, Bettborn et Langatte et enfin les sujets luthériens des villages welsches de Rauwiller, Goerlingen et Kirrberg.
En 1745 lors de la division du Comté, Hirschland échoit aux nassau-Sarrebrück et sera inclus au Baillage de Harskirchen. En 1793, lors du rattachement à la France, Hirschland est inclus à l’éphémère canton de Wolfskirchen et en 1801, définitivement à celui de Drulingen.
L‘essor démographique se poursuivait ; de 9 foyers en 1668 on passa à 57 en 1742 pour culminer à 116 en 1840. Avec un maximum de population de 640 habitants L’agriculture continuait à représenter l’essentiel des ressources avec des cultures nouvelles : pomme de terre et prairies artificielles.
L’artisanat satisfaisait les besoins locaux.
A la fin du XIXe siècle, le travail à domicile (broderie, tricotage, chapellerie) génère un appoint, de même que certains laboureurs rentabilisent leurs attelages de chevaux avec la traction saisonnière sur les canaux de l’Est.
La création d’une laiterie locale en 1930 permettra de mieux valoriser la production grandissante du lait. La crème (SüB Rahm) et le beurre ainsi produits jouiront d’une renommée certaine.
Après la deuxième Guerre Mondiale, l’opportunité d’accroître le revenu attira les hommes vers les emplois industriels de Drulingen et Sarre-Union. Toute une génération sera double-active mais elle abandonnera progressivement le travail de la terre.
Parallèlement beaucoup de jeunes poursuivront des études secondaires voire supérieures et accéderont à des fonctions tertiaires en milieu urbain.
La population du village chutera à 286 habitants en 1985 !
Dans les années 1990, l’initiative privée, encouragée par des aides publiques, entreprit un vaste effort de rénovation de l’habitat ancien. De nouveaux habitants s’installèrent, en location (une trentaine de logements à disposition) ou ont accédé à la propriété. D’où un solde positif de 359 habitants en 1999.
Ainsi une page s’est-elle tournée. Seuls sept exploitants agricoles mettent le finage en valeur. L’élevage bovin prédomine avec la production laitière pour les uns, et la viande pour les autres. Deux y adjoignent une spécialité nouvelle : l’héliciculture.
Malgré tout, l’habitat continue à représenter nos maisons traditionnelles et si typiques avec la maison bloc alignée, parallèle à la rue, précédée de son Schopf. L’Eglise, les moulins, le lavoir couvert… témoignent de ce passé pas si lointain tout comme le hameau de l’Ischermühle avec son site et son passé particulier indissociable de la saga de l’illustre et nombreuse famille BRUA.